Revue N°2 : La forêt
Sylve
Me suis endormi
au rayon de lune au souffle d'un chêne
Le crépuscule bruissait
sur mes paupières d’airain libre mélopée
Soulevé emporté avalé
les longs arbres séculaires ouvrent les clairières
et me plongent dans l’hypogée béante
Ô primitive Sylve !
Des étoiles ont jailli
de luminescents éclats sur les bouleaux argentés
les démiurges au milieu des fougères et des chimères endormies dans la tête des enfants rêveurs
aux feuilles mugies par les vents qui agitent leurs verves automnales
La terre s’est délitée
Au-delà des bois millénaires exorcisés de l’accessoire sphère effondrée
d’un bruit sourd ne restent que les vers et le bruissement des feuilles
le royaume du petit peuple et des âmes pures des âmes des âmes des âmes
Les animaux ont migré
loin des barrières et des murs hérissés
échappés vers la lumière d’un lendemain
ils dispersent les graines du pommier sauvage
La forêt m’a mangé
J’étais autre
étranger aux êtres-là
Autour dansaient des créatures
mes yeux ouverts vers l’outre-monde
des créatures irréelles inespérées
elles se jouaient de la brume et de mes souvenirs
de mes morts de mes espoirs
de mes mots de mes mots de mes mots
La Forêt m’a éveillé
sylve secrète énigme des terres anciennes écriture sacrée
Comme la vie au creux de tes reins.
S. Le Celte
La tête en l'air - aquarelle - Béatrice Becker-Roigt